A l’évidence, le risque est au centre du mécanisme de l’assurance. On peut même dire que le moteur même de l’assurance, c’est l’aversion au risque. C’est la crainte qu’un risque se réalise.
Historiquement, a-t-il existé d’autres mécanismes que l’assurance pour lutter contre les risques ?
Qu’est-ce qu’un risque ?
Un risque est un événement incertain dont la réalisation est redoutée par le preneur d’assurance. Ce preneur d’assurance va souscrire un contrat pour transférer ce risque à l’assureur. Si cet événement incertain vient à se réaliser, la prestation de l’assureur sera due.
L’objet de risque est ce que le preneur souhaite protéger : il peut s’agir d’un bien, d’une personne, d’un patrimoine,…
En quoi consiste l’assurance ?
Le mécanisme de l’assurance consiste à transférer un risque à une entreprise spécialement constituée pour ce faire et contre paiement d’une prime perçue a priori.
La prime n’est rien d’autre que le prix du risque.
C’est le prix que le preneur d’assurance consent à verser à l’assureur pour lui transférer le risque. Au fond, pour lui, c’est le prix de la sécurité.
Mais l’assurance n’est pas l’unique technique permettant de lutter contre les risques !
La prévoyance collective : une alternative à l’assurance
Qu’est-ce que la prévoyance collective ?
On touche à l’idée de solidarité au sein d’un groupe de personnes soumises à un même risque.
Les formes peuvent être plus ou moins élaborées.
Solidarité familiale
La forme la plus archaïque de solidarité est la solidarité familiale ou solidarité des clans. Concrètement, quand un malheur arrive à un membre de la famille, un autre membre va pallier les conséquences du risque qui a touché l’être qui lui est cher.
Mutualisation des risques
Il existe aussi des formes plus élaborées qui reposent sur la mise en place d’un système de mutualisation des risques.
Mutualiser les risques signifie les rassembler en vue de répartir les pertes éventuelles que pourrait subir un membre de la mutualité.
Donc, cette idée de solidarité suppose à un moment donné une prise de conscience par plusieurs personnes qu’elles sont soumises au même risque. Plutôt que de le supporter individuellement, elles acceptent de se mettre ensemble pour répartir les pertes que chacun des membres de la mutualité pourrait encourir.
- C’est une forme de solidarité aléatoire : on ne sait pas à l’origine qui va être frappé par le risque.
- C’est une forme de mutualité consciente : les personnes qui s’estiment confrontées à un même risque se mettent volontairement ensemble pour répartir les pertes.
Et dans l’histoire, quelles sont les premières formes de mutualité qui ont été mise en place ?
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Les chameliers de Mésopotamie
On note tout d’abord que les chameliers de Mésopotamie, quand ils devaient traverser le désert en caravane, se sont aperçus qu’en réalité, tous supportaient le risque de la perte de leurs chameaux pendant la traversée.
Ils se sont mis ensemble, estimant que si l’un d’entre eux ou plusieurs d’entre eux venaient à subir la perte de leurs chameaux, ils répartiraient la perte entre eux. Cela permet d’alléger le poids du risque.
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Le système des avaries communes
Nous naviguons à présent dans le monde de l’assurance maritime. En quoi consiste le système des avaries communes ?
Plusieurs propriétaires de marchandises mettent à bord d’un navire une cargaison. Dès lors, tous les propriétaires de marchandises sont soumis au risque de la navigation : tempête, ouragan, toutes une série d’intempéries pouvant menacer l’ensemble des marchandises.
En matière de navigation maritime, que fait-on quand un bateau est mis en difficulté, proche du naufrage à la suite d’un vent de tempête ?
Le capitaine décide de balancer une partie de la marchandise par-dessus bord pour alléger le navire.
Le système d’avaries communes consiste donc à répartir la perte liée au fait qu’on avait jeté les marchandises par-dessus bord entre tous les différents propriétaires de marchandises qui faisaient partie de la cargaison.
En quoi la mutualisation des risques diffère-t-elle de l’assurance ?
- On ne transfère par le risque à un tiers : on le laisse à l’intérieur de la mutualité.
- Il n’y a pas de versement de primes : les pertes se répartissent a posteriori, une fois que les dommages sont arrivés.
Source: « Droit des assurances » – Professeur Bernard Dubuisson. Merci pour le partage de son savoir, l’envie d’en apprendre toujours davantage, et enfin, sa grande sympathie et humilité.